dimanche 6 septembre 2015

La compétition sur Youtube : Une histoire de ponche et de Sex-toys.



La compétition sur Youtube

Une histoire de ponche et de Sex-toys.



Lorsque j’ai pour la première fois évoqué l’idée que les vidéastes était en compétition les réactions de certains vidéastes ont été surprenantes : 
- “Non, on ne peut pas dire ça.” - “Non, Je vois plus une synergie”  - “NON !”


Cette réaction est curieuse, les vidéastes évoluent dans un marché :


HARDCORE - ULTRA - COMPÉTITIF DE LA MORT !


Il y à même peu de marchés avec une compétition aussi féroce. Peut être celui de la musique ou celui des participantes des concours de beautés : beaucoup de prétendants et peu d'élus !


C'est la cas quand on considère les millions de producteurs et la demande limitée de ce marché, les spectateurs n’ont que 24h par jours pour regarder des vidéos. Aujourd’hui on est presque arrivé à un point où il y a plus de contenu mis en ligne que de spectateurs pour le regarder. Il faut donc partager l’audience.


"Le temps des spectateurs est une ressource limitée :
Grand maximum = 7 milliards x 24h
Probablement beaucoup moins..."


Puisque toutes les vidéos n’ont pas la même part d’audience et que les revenus ne sont pas distribués en parts égales entres tous les producteurs, il y a compétition.


Le nombre de producteurs ne cesse d’augmenter, il n’ y aucune barrière d’entrée* dans ce marché alors que c’est une activité qui fait rêver.
J’y suis entré avec 200€ d’investissement avec la possibilité de devenir une star inter-galactique de l’économie… vu comme ça, c’est tentant non ?


Mais c’est autant de producteurs entre qui partager cette audience.


"7* 109 * 24 / nombre de vidéo sur internet."


Maintenant considérons que ce marché est une fête dont YouTube est l’organisateur, le total de l’argent reversé aux youtubeurs est un saladier de 10 litres de ponche et les youtubeurs sont… des youtubeurs invité à une soirée.


L’organisateur dispose de 10 litre de ponches pour 10 vidéastes ça fait un litre par personne, si une heure plus tard 9 990 youtubeurs arrivent dans cette fête et bien il faut partager ces 10 litres de ponche en petites parts égale, sélectionner ceux qui vont avoir du ponche ou augmenter la quantité de ponche.


Le problème c’est que dans cette fête l'augmentation du nombre de youtubeurs est plus important que l’augmentation de la quantité du ponche.






"On dit que sans alcool la fête est plus folle. 
J’en doute."




Dans cette situation, comment maintenir le 1 litre par personne ?


Soit l’organisateur trouve un moyen de mettre plus de ponche à disposition, soit les invités amènent leurs propres bouteilles de ponche.




Compétition versus Synergie



Pourquoi les vidéastes ont ils eu cette réaction négative quand j'ai abordée la compétition ?


Parce qu’ils ne se considèrent pas comme compétiteurs et pour une bonne raison, il y a effectivement une synergie plus importante que la compétition à ce stade.


Vous êtes vous déjà demander pourquoi toutes les bijouteries sont dans le 3 ème arrondissement de Paris, pourquoi les magasin Zara sont toujours en face des H&M ou pourquoi tous les sex-shops de Paris sont à Pigalle ?


3 Sex-shops collé/serré à Pigalle.

C’est qu’ils ont un intérêt à le faire. La concentration de concurrents dans une même zone fait qu’une personne à la recherche d’un sextoy se dirigera dans la rue des sex-shops parce qu’il sera sûr de trouver quelques chose à son goût spécifique de déviant sexuel.


Elle est là cette fameuse synergie !


Ma chaîne est passé de 100 abonnés à 700 en 2 jours. Pourquoi ? Parce que Notabene, Dirtybiology, Cyrus, Epenser et les autres ont attiré un public, ils ont créés une demande qui sait qu’elle va pouvoir trouver ce qu’elle cherche dans le quartier nommé Youtube. En m’y installant je bénéficie de leur voisinage parce qu’une grande partie de mon audience potentiel y est déjà.
Ce faisant je vais peut être prendre une partie de leurs audiences. Mais ma présence va également apporter plus de visibilité à ce quartier et va amener d’autres gens dans le coin qui vont alors trouver un intérêt dans l’offre de mes voisins.


C’est ce qui pousse des gens à faire 200 km pour aller chercher un sex-toy dans le quartier de Pigalle. Parce que ce que l’on sait que cet endroit existe, parce que l’on sait que l’on y trouve la plus grande diversité, les meilleurs conseils et les plus petit prix. Faîtes-moi confiance là-dessus !


Dans notre situation ce phénomène, c’est la création d’un nouvel usage. Les audiences de la télévisions, des journaux, des documentaires sont attirées par l’offre des vidéastes sur internet, c’est une nouvelle habitude. En leur proposant de nouveaux contenus, en générant une offre, une demande émerge. C’est ce qui fait basculer l’audience télé en audience YouTube. D’où cette synergie entre vidéastes !


Dans le cas des vidéastes vulgarisateurs cette synergie est plus forte que la compétition à l’heure actuelle, parce que l’offre est encore relativement faible et que l’on peut trouver de la demande sans prendre les “parts de marché” d’un autre vulgarisateur, mais à la télévision ou aux vidéos de chats.


Bref les vidéastes sont des associés en compétition. L’économie c’est souvent drôle comme ça !





Cette compétition ne s’arrête pas à vidéastes contre vidéastes. Elle est beaucoup plus large.

"Nos plus grands concurrents : les chats."



Pour bien comprendre cette affirmation, il faut faire un pas en arrière et regarder le business model de YouTube.


Pour valoriser son audience, la transformer en ressource/cash, YouTube utilise la publicité. Et c’est tout !  


Les annonceurs paient Youtube pour que leurs publicités soient placées en pré-roll ou en bannières et YouTube rémunère les créateurs pour que leurs vidéos soit hébergées chez eux.




Ces annonceurs aujourd’hui ne maîtrisent pas ou sont relativement indifférents de savoir avant quelles vidéos leurs publicités sont diffusées, le ciblage se fait sur d’autres variables.


Je vis en Finlande. Je passe mon temps sur des vidéos en langue anglaises et françaises et pourtant les publicités qui me sont servis sont en grandes majorités en Finlandais… un langage que je ne comprends pas !


C'est de la valeur perdu, l’information du langage de la vidéo regardée est disponible. Il y a des exemples plus choquants :


On a pu voir des publicités Budweiser
devant des vidéos de recrutement pour ISIS !


Sur YouTube les publicités sont très rarement inscrites dans un contexte. Le ciblage favoris des annonceurs, c’est que la publicité va être vue par une personne entre 18/25 ans qui consulte la page de telle ville. Le fait que cette personne consulte des vidéos d’une langue étrangère ne les perturbes apparemment pas.


Quand on comprend ça, on comprend assez vite pourquoi les vidéastes sont en compétition avec tous les autres contenus de Youtube, y compris les vidéos de chats. Youtube avant d’être un plate-forme vidéo est un généraliste de la pub.


Alors que la publicité c’est aussi une histoire de contexte, les publicités entres deux dessins animés le samedi matin et entre deux films de boules sont généralement... différentes !


“Envoie HOT au 6 200 200 ! 
A suivre, Pokémon."




Le Click Through Rate (CTR ou Taux de Clic) et le True View (vues réelles) d’une pub sur une plate-forme vidéo est très faible pour beaucoup d’annonceurs.
“Je sais que 50% de mes dépenses marketing sont gâchées mais je ne sais jamais lesquelles”
Ce dicton est à la base du marketing et de la publicité mais ça c’était-avant, pensent certain directeurs marketing. Car les chiffres produits par les agences de pubs en ligne (Ad servers) leurs permettent de connaitre le retour sur investissement des pubs internet. Le problème c'est que ça leur fait comprendre assez vite que leurs publicités sont nazes et font partie des 50% de dépenses gâché. 

Alors ils vont préférer la télé parce qu’ils ont toujours fait comme ça et comme la télévision ne leurs donne pas les chiffres de qui à vraiment regardé la pub et qu'à chaque investissement de 500k€ ils peuvent constater un hausse de leurs ventes et bien c'est que ça marche. C'est peu scientifique mais dans les mondes de l'entreprise plus on gère un gros budget moins ça l'est.

Alors YouTube n’a pas le choix, il faut réduire le prix de la pub, faire en sorte que les investissements des annonceurs soient sans risques et leurs fournir de bons chiffres.

Pour ce faire ils ont sorti leur joker et propose aux annonceurs de payer uniquement lorsque l'utilisateur regarde la publicité entière !




Cela signifie que les annonceurs ne paient pas pour les 5 secondes de pré-roll non évitable.


De 5 secondes en 5 secondes ça fait beaucoup de secondes offertes... Pire, le CPV - Coût par Vue est particulièrement pervers. Les annonceurs doivent commencer à comprendre qu’ils ont 5 secondes de pub gratuites si l'utilisateur Skip la pub.

Le "hack" est assez simple : tu poses ton logo en gros sur une publicité non optimisé pour YouTube et ses 5 secondes et te voilà prêts à spammer ta pub en ne payant que quand un quelqu'un part aux toilettes en laissant la pub défiler.

Si j’ai pu le piger c’est que certains le font déjà... En faite la “beauté” du système c’est que certain le font sans doute sans même le faire exprès !


Résultats, YouTube encourage les publicités non optimisées et mal ciblées. Quand on parle d'effet pervers des incentives celui-ci est pas mal.
Le but est, je suppose, de produire de très bons résultats plus ou moins artificiellement pour attirer plus d’annonceurs et résoudre le problème par une demande plus importante de la part des annonceurs.


En attendant la pub ne vaut rien sur YouTube, il faut en mettre des tonnes pour générer un peu de revenu et le système n’encourage pas les pubs de meilleures qualités, mieux adaptées au format YouTube, mieux ciblées et donc potentiellement plus efficace.

"La publicité sur internet est un marché ou les acheteurs ont le pouvoir."
(Buyers Market*)


Ce modèle économique ne permet pas d’attirer suffisamment de revenu publicitaire pour que Youtube fasse des profits et encore moins pour accompagner le boom des créateurs. L'augmentation de la quantité de ponche est plus faible que les besoins généré par les nouveaux youtubeurs qui arrivent à la fête.



Conclusion : L’audience des youtubeurs est très mal valorisée. La solution c’est donc d’élargir son audience pour compenser cette faible conversion par le nombre. Si une vidéo t’as coûté 3000€ à produire et que tu la vends 0.008€ l'unité, tu as intérêt d’arriver à la refourguer à pas mal de monde !


Que faire si on veut sortir de cette logique ?


Pour proposer un contenu sans chercher à tout prix la masse, il faut améliorer la valorisation de l’audience.


Si l'organisateur de la fête ne peut fournir pas plus de ponche il faut amener sa bouteille.


" Youtube est une fête BYOD. "
(Bring your own drink)


Ce que cela signifie et comment le faire, c’est une autre question et le sujet d’un prochain article !


Sur ce.

Arnaud.



Sources : 

Le coup de 5 secondes gratuites de pub...
http://www.quora.com/What-is-a-good-CTR-for-a-pre-roll-video-ad

Les emplacement des magasins à Paris C’est drôle de jouer avec mais ça long à charger :
http://www.apur.org/dataviz/BDCOM_evolution/index.htmlInfo de bases sur le Youtube Ad
http://www.webmarketing-com.com/2014/10/24/32967-publicite-youtube-comment-ca-marche